Bienvenue Invité(e) Connexion Inscription

SACRE MERDIER - MERDIER COSMIQUE

Et on en arrive à the Quouestion :
pourquoi ne reconnaît-on pas la Nature Fondamentale de l'Esprit ?

Ben, c'est dû à un 1er voile (et oui, déjà une histoire de voile, ça ne date pas d'hier), c'est le voile de l'Ignorance
(skt :avidyâ tib : marigpa) qui amène l'esprit à créer une scission illusoire en concevant le « moi » à la place de la vacuité et l' « autre » ou « l'objet » à la place de la clarté-luminosité. Du coup, cela engendre la Dualité du sujet et de l'objet qui, elle, est le 2eme voile, celui du Conditionnement Latent (la fâcheuse tendance à interpréter toute expérience réelle ou onirique en termes duels de sujet-objet), et toc...

Exit le  « péché originel » islamo-judéo-chrétien,
déculpabilisez-vous !
stoppez l'auto-flagellation !...

L'objet, donc, correspond à tous les objets de nos sens et se divise en objets agréables et objets désagréables. Le sujet-moi est alors soumis à l'Espoir (d'obtenir l'agréable) et à la Crainte (de ne pas obtenir l'agréable et de vivre la souffrance). Ces voiles engendrent les Passions-Emotions (les kleshas) en rapport avec l'aspect agréable ou désagréable des objets de nos sens :

Ignorance , désir-attachement et colère-haine sont les 3 émotions négatives ou poisons de base, moteurs de l'existence de tout être sensible. En effet, n'oublions pas que les émotions (préfixe « é » et « motion » du latin « motere »=mouvoir) sont une manifestation d'énergie tournée vers le dehors, un élan qui naît à l'intérieur de soi et se dirige vers l'extérieur.

Ces 3 émotions négatives de base sont à l'origine de notre névrose fondamentale car elles nous font développer des façons de penser, de ressentir et d'agir qui finissent par causer de la souffrance.

Ces 6 passions principales (les 3 de base et les 3 qui en découlent) engendrent par la suite quelques 84 000 passions, 21 000 pour chacun des 3 poisons de base et autant pour les 3 ensembles (c'est précis, ah la rigueur scientifique !). On a là le 3eme voile, celui des Passions.

Attention, ces émotions ne sont pas négatives en elles-mêmes car elles nous aident à survivre et à vivre pleinement. Elles sont négatives dans la mesure où nous y adhérons ou les fuyons en réagissant par la saisie, le rejet, la projection ou l'interaction dualiste avec ce que nous projetons. Dans le système occidental, en psychologie, comprendre les émotions sert à essayer d'améliorer la vie dans ce merdier samsarique alors que dans le bouddhisme cela sert à se libérer des restrictions et des vues erronées dues à l'attachement émotif.

Sous l'emprise, donc, de ces Passions, nous sommes conduits à commettre des actes négatifs aussi bien au niveau du Corps, qu'au niveau de la Parole et au niveau de l'Esprit (ah ces satanées pensées subversives...).  Et nous v'là ainsi coiffé d'un 4eme voile, celui du Karma.

Ce Karma, appelé souvent « loi de cause à effet », nous balade dans ce Grand Bazar (le Samsara ) au travers de 6 mondes samsariques (loka en sanskrit) ou mondes d'existence cyclique, faisant ainsi tourner la Roue de la Vie tenue entre ses griffes par Yama le Seigneur de la Mort qui représente la qualité de destruction sauvage sans intelligence. Attention, il existe aussi des karmas collectifs car des êtres qui ont développé des karmas de même type, expérimentent, grâce à un système organique de perception commun, un même état d'existence dans un monde qui leur apparaît de façons similaires.

Ces 6 mondes différents d'incarnations sont : 3 mondes inférieurs où les souffrances l'emportent sur les bonheurs (celui des enfers, des animaux, des fantômes) et 3 mondes supérieurs où les bonheurs l'emportent sur les souffrances (celui des humains, des demi-dieux ou dieux jaloux et des dieux) : Parmi ces 6 mondes seuls ceux des humains et des animaux se développent sur un plan physique et matériel, les autres vibrent à des taux énergétiques différents  et la plupart d’entre nous ne peut donc pas les voir.

Au sujet de notre condition humaine, du point de vue de sa valeur spirituelle, il y a 3 catégories d'existence : supérieure, moyenne et inférieure :

Selon des « sources bien informées », les existences inférieures et moyennes sont évaluées à 95% de la population mondiale, seuls 5% possèderaient donc l'existence humaine précieuse qui permet d'atteindre l'Eveil en une vie ou d'obtenir dans les vies futures une existence humaine ou divine permettant de progresser vers l'Eveil.


la roue de la vie

Au centre de la roue tenue par Yama, les 3 poisons qui la font tourner : « a » le coq symbolisant le désir-attachement, « b » le porc symbolisant l'ignorance et « c » le serpent symbolisant la colère-haine.

Le tour de manège sur la Roue de la Vie durera, tant que l'ego ne sera pas dissous, le temps d'une succession de réincarnations dans un ou plusieurs de ces 6 mondes samsariques selon la loi du Karma.

Les êtres du monde des dieux ne sont pas à confondre avec les divinités utilisées dans les pratiques bouddhistes. En effet celles-ci ne sont pas des êtres existant de manière intrinsèque, elles sont l'expression de certaines qualités-énergies de la Nature de Bouddha présentes en chaque être sensible. On les appelle des yidams en tibétain (Ishtadeva en sanscrit). Ce sont des principes cosmiques qui désignent des formes de l'espace et de l'énergie. L'iconographie bouddhiste doit donc être prise dans un sens symbolique, les différentes représentations ne servant pas à décrire des êtres réels ou imaginaires à forme humaine, ni des esprits particuliers, mais des états que le pratiquant doit développer.

Il n'est pas possible pour notre esprit d'appréhender un objet dans sa totalité globale ou sa globalité totale, on ne peut que le voir de manière fragmentaire, alternativement de face, de profil, de dessus ou de dessous... Dans ce sens, les différents yidams sont la possibilité que nous pouvons utiliser pour appréhender les différentes facettes de la Nature Fondamentale de l'Esprit.

La pratique de ces yidams a pour but de réveiller ces qualités, et l'énergie associée, enfouies en nous tel un joyau gardé par le meilleur des gardes : l'Ego.

Certains yidams sont paisibles (les qualités-énergie de compassion, de douceur), d'autres sont courroucées, irritées (les qualités-énergies pénétrantes et sans compromission, la transmutation par force, l'acte de pourfendre l'ignorance associé à la folle sagesse, l'énergie dynamique de la colère sans haine). Les yidams masculins paisibles sont des bhagavat (en sanscrit), les semi-courroucés sont des dakas et les courroucés sont des hérukas. Pour les yidams féminins se sont des bhagavati et des dakini .

Certains yidams montrés en union sexuelle représentent « l'extase mystique ». Cette étreinte sexuelle représente l'union des contraires, de la sagesse et de la compassion, la fusion des énergies féminines et masculines, de la sagesse statique avec l'énergie créatrice qui permet de rompre les liens avec l'Illusion (la Maya) en dépassant l'ego et les passions.

Ces pratiques se font en 2 parties, celle du "développement" (kyérim en tibétain ou utpattikrama en sanscrit) où l'on s'identifie au yidam pour transformer nos perceptions ordinaires en apparence pure, puis c'est la "dissolution" (dzokrim ou sampanakrama ), où l'on dissout tout dans la vacuité pour reconnaître ainsi la non-existence du yidam et de toute chose.

Faut pas se prendre la tête, la pratique bien menée d'un yidam suffit, il ne s'agit pas d'en faire une collection....

Les exceptions confirmant toujours la règle, certaines de ces déités-yidams sont de grands êtres réalisés qui ont pris forme humaine en incarnant plus particulièrement certaines qualités d'éveil (ex :Gourou Rimpoché également appelé Padmasambhava qui apporta le Bouddhisme au Tibet).


Padmasambhava (Guru Rimpoché)
« It looks like me » dixit l’intéressé

Il existe aussi quantités de devas plus ou moins développés comme les "anges", les devas locaux associés aux plantes, à un lieu etc...(cf. les elfes, fées etc... de nos traditions..).

Là où cela devient intéressant, c'est que ces 6 mondes ne sont pas uniquement des mondes existant en soi et fonctionnant en parallèle ou de manière imbriquée mais peuvent aussi être vus comme des styles différents de comportement de l'ego :

 

Les chakras (en sanscrit. ou khorlo en tib. = roue, cercle) sont des nœuds de connexions énergétiques dus à la convergence de canaux d'énergie (skt. nadis ou tib. Tsa) à des endroits particuliers du corps (organes génitaux, nombril, cœur, gorge, front, sommet de la tête).

Notre corps physique contient plusieurs types de canaux : vaisseaux sanguins et lymphatiques, nerfs mais aussi, au niveau du corps subtil, les canaux d'acupuncture dans lesquels circulent les formes les plus substancielles de l'énergie vitale (skt. prana, tib. loung =force psychique ou airs) ; à tout ceci s'ajoutent des canaux psychiques ou mystiques conduisant une forme encore plus subtile de cette énergie vitale qui soutient et anime la vie et qui sous-tend à la fois la sagesse et les émotions négatives. Ces canaux eux-mêmes sont de l'énergie et n'ont donc aucune dimension physique.

Il y a donc 3 canaux racines sur et dans lesquels sont localisés les 6 chakras majeurs à partir desquels 360 canaux-branches partent à travers tout le corps et forment quelques 72 000 canaux.

Le corps physique est le support de ces canaux psychiques du corps subtil, ces canaux sont le support de la force psychique (loung) et la force psychique est le support de l'esprit. De manière inverse, les émotions et états mentaux surgissant dans notre esprit affectent la force psychique (loung), la force psychique affectent les canaux et les canaux affectent le corps physique.

Les 3 canaux racines fusionnent à 10 cm sous le nombril. 2 canaux racines latéraux (diamètre d'un crayon) s'élèvent devant la colonne vertébrale de part et d'autre du canal racine central et s'incurvent à travers le cerveau, le long de la voûte crânienne pour s'ouvrir aux narines. Le canal racine central (diamètre d'un bambou) se termine au sommet de la tête sous le point mou du crâne, le sinciput (porte de Brahma ou Brahmarandra en sanscrit)

Le canal racine central bleu est celui de la non-dualité à l'intérieur duquel se déplace l'énergie de la conscience primordiale.

Le canal racine blanc (à droite chez l'homme, à gauche chez la femme) est celui dans lequel se déplacent les énergies des émotions négatives.

Le canal racine rouge (à gauche chez l'homme, à droite chez la femme) est celui dans lequel se déplacent les énergies positives ou énergies de sagesse.

5 souffles (airs intérieurs) principaux et 5 souffles secondaires circulent dans ces canaux. Les 5 éléments (terre, air…) sont supportés par les 5 souffles principaux qui sont responsables chacun d'une fonction du corps humain et les 5 sens peuvent opérer grâce aux 5 souffles secondaires.

Ces canaux contiennent également les 2 « gouttes essentielles » rouge et blanche (skt. bindu ; tib. tiglé) « héritées » de nos parents via la fusion du spermatozoïde et de l'ovule. La « goutte essentielle blanche-père » siège au niveau du chakra du sommet du crâne et la « goutte essentielle rouge-mère » siège au niveau du chakra des organes génitaux ( 10 cm sous le nombril). Les tiglés sont des concentrations d'énergie, mobiles, qui peuvent être dotés de fonctions particulières

Bref, le corps et l'esprit sont liés par des souffles subtils qui conduisent l'énergie de l'un à l'autre. Le corps étant constitué de matière inerte, c'est l'esprit, par l'action des énergies subtils qui en assure la dynamique. Ce machin chose qui vit, travaille, souffre ou se réjouit est en fait un assemblage en proportions variables de corps, de conscience et d'esprit.

Il y a 3 voies pour naître dans ces 6 mondes :

  • Par la naissance au sens propre, bien sûr seuls les humains et les animaux ont un corps physique alors que les autres mondes sont sans corps car dans une dimension plus subtile.

  • Une fois incarné au sens propre dans un de ces mondes, on y développe un style psychologique particulier de preta ou d'animal etc....

  • On expérimente aussi les 6 mondes au niveau le plus superficiel d'un instant à l'autre en passant de l'un à l'autre. Cela peut être des flashs ou des humeurs dominantes qui persistent des heures ou des semaines. Emportée par l'énergie associée aux différentes émotions, la vision que l'on a du monde extérieur prend alors la coloration d'un de ces mondes.

L’ego ou conscience individuelle et l’Esprit Fondamental ou Conscience Fondamentale sont comme l’enfant et la mère. L’ego meurt mais la mère reste et donne naissance à un nouvel enfant. Ce qui transmigre est un complexe illusoire de phénomènes psychiques organisés par l’attachement et l’ignorance et la personne qui renaît n’est ni la même ni une autre. On peut aussi comparer la Conscience Fondamentale à l’océan et les nombreuses consciences individuelles aux vagues individualisées par le vent du karma. La continuité d’existence de cette conscience individuelle égotique se divise en 6 phases appelées bardo en tibétain (=état intermédiaire délimité par une fin et un commencement) :

  • le bardo de la méditation (tib : samtem bardo) : les états de conscience particulière liés à la méditation.
  • le bardo de la naissance à la mort (tib : kyé chi bardo) : la vie.
  • le bardo du rêve (tib : milam bardo) : entre l'endormissement et le réveil.
  • le bardo du moment de la mort (tib :chikai bardo) : les différentes phases de l'agonie.
  • le bardo de la nature en soi ou de la vacuité (tib : tcheunyi bardo) :
        la période de totale inconscience qui débute à la fin du bardo du moment de la mort.
  • le bardo du devenir (tib : sipai bardo) : période intermédiaire entre le tcheunyi bardo et le kyé chi bardo durant laquelle     le défunt se dirige sous l'influence du karma vers une nouvelle naissance, incluant le bardo de la gestation.

Mais l'ego, le routard samsarique, (  ♪♫…il voyage en solitaire… ♪♫  ya bon Gérard Manset), n’a en fait aucune existence intrinsèque mais est le résultat de l’accumulation, l’agrégation de 5 skandas (agrégats ou « rassemblement ») que sont les Formes, les Sensations, les Perceptions, les Formations Mentales et la Conscience

  • agrégat de la Forme , de la Matière avec les 5 éléments (terre, eau, feu, air, espace), avec le corps et les 5 organes sensoriels ainsi que leurs objets sensoriels. Ces sens vont diviser le monde en « moi », mon corps-esprit ici et les objets là-bas. Mais cette division n'est pas exclusive à ce qui est intérieur et extérieur car certaines parties de notre moi peuvent aussi être vécues comme « autre » comme par exemple certaines émotions non acceptées (Dualité, quand tu nous tiens…).

  • agrégat des Sensations avec toutes les sensations physiques ou mentales découlant du contact (agréable, désagréable ou neutre) entre les organes sensoriels et leurs objets sensoriels. C'est aussi cette sensation-sentiment iNNdéfinissaBBle de « moi » par rapport à « ça » que j'aime ou déteste ou qui me laisse indifférent.

  • agrégat de la Perception , le fait de voir ou de percevoir, de faire des reproductions ou concepts à partir du contact organes sensoriels/objets sensoriels en les reconnaissant et en leur attribuant qualités et définitions.

  • agrégat des Formations Mentales avec tous les facteurs mentaux et habituels qui nous font agir et réagir par rapport à ce qui se présente à nous. C'est le niveau du langage et des concepts. Nous classons et nommons nos perceptions en fonction de critères psychologiques, philosophiques et de pratiques héritées de nos expériences vécues et nous nous y attachons ce qui fait que c'est l'agrégat des Formations Karmiques.

  • Agrégat de la Conscience , c'est la connaissance de toutes les expériences sensorielles et mentales avec donc 6 consciences (visuelle, auditive, olfactive, gustative, tactile et mentale). C'est le niveau de ce flot incessant de pensées et de perceptions (commentaires ; pensées profondes, philosophiques, légères, instables, lancinantes… ; souvenirs ; sensations de faim…) qui nous encombre le bocal. Ces pensées, toutes reliées entre elles, maintiennent ainsi l'impression de continuité d'un monde « solide et sûr ». On ne voit ni le début ni la fin de chaque instant vécu. A la mort, cette conscience qui est fondamentalement l'esprit, ne disparaît pas totalement. Reconnaître la nature de ce dernier composant (transparent comme le ciel, sans commencement ni fin) est le nirvana, l'éveil ultime.

À ce stade de l'affaire, va falloir se pencher (aïe ! mes lombaires) un peu (ouf ! c'est mieux) sur la conscience ou plutôt les 8 consciences. À la base de tout, il y a donc la Nature de Bouddha, l'Esprit Pur. En raison du vieux chiffon de l'Ignorance et de la Dualité, cet Esprit Pur a 2 façons de fonctionner :

  • de manière pure et dévoilée c'est la Conscience Primordiale (yéché),non-duelle, la 8 ème conscience.
  • de manière impure, entravé par la Dualité, c'est la Conscience Dichotomique ou individualisée (namché).

De cette conscience dichotomique ou individualisé vont procéder 7 consciences dichotomiques différenciées (comme les 7 doigts d'une main d'extraterrestre) :

  • la conscience visuelle (1) qui perçoit les formes.
  • la conscience auditive (2) qui perçoit les sons.
  • la conscience olfactive (3) qui perçoit les odeurs.
  • la conscience gustative (4) qui perçoit les goûts.
  • la conscience tactile (5) qui perçoit les contacts.
  • conscience mentale (6) qui identifie les phénomènes par la pensée.
  • la conscience émotionnelle (7), le nœud dur de l'ego, qui interprète la perception en termes de désirs, d'aversion, de jalousie …

La faculté de manifestation de l‘esprit fait apparaître le corps, et l’existence des 8 consciences dans l’esprit provoque l’existence des organes des sens. Les 6 premières consciences sont la manifestation grossière de l’esprit (« l’esprit grossier »), la 7ème est la manifestation de « l’esprit subtil » et la 8ème correspond à « l’esprit très subtil », ce sont les 3 niveaux de l’esprit. Et l’inconscience dans tout cela ?! Et bien Bouddha l’a découverte bien avant Freud et consort puisque après s’être rendu compte de l’existence de processus physiologiques inconscients comme la digestion, la respiration ou les battements du cœur, il en a déduit que des phénomènes inconscients comparables devaient se produire dans l’esprit et les a appelés « amushaya »  en sanskrit.

Voilà…

Une fois emberlificoté avec ces 5 skandas nous v'là ben avancé, conditionné et imparfait, et c'est sans compter avec l'apparition spontanée, à ce stade de l'affaire, de la Souffrance sous ses 3 formes (fôt souffrir pour être bô qu'y disaient...) : « la souffrance des souffrances », « la souffrance du changement » et « la souffrance inhérente à toute existence » :

  • la souffrance des souffrances   avec tout ce qui produit de manière on ne peut plus nette de la détresse (douleur, maladie, peur, peines, problèmes…), en bref c'est la souffrance au sens propre.

  • la souffrance du changement avec tous les plaisirs, conforts, bien-être temporels ou passagers, mentaux ou physiques car nos expériences sont toutes impermanentes (hélas pour certaines, sniff…) et conduisent à l'insatisfaction, la frustration et donc à la souffrance. Bref toute les bonnes choses ont une fin… re-sniff !
  • Le changement est douloureux, stressant et désorientant car il correspond à une mort et une renaissance : la fin de quelque chose d'ancien, familier, habituel et l'apparition de quelque chose de nouveau, inconnu, étrange. Lorsque nous ressentons fortement la menace de la perte de nos points de référence, nous pouvons sombrer dans l'égarement, la perplexité et l'anxiété qui, en psychiatrie, est le premier symptôme de la maladie mentale.

     
    Le valium et autres tranquilisants prescrits contre l'anxiété sont la seule réponse médicale officielle à la souffrance du changement. A un niveau supportable, c'est la souffrance des soucis harcelants ; à un niveau plus important, tensions et anxiétés névrotiques apparaissent et à un niveau très intense c'est le « mauvais trip » de LSD avec sensation d'un cauchemar vertigineux sans rien de solide ni rien à quoi se raccrocher, une chute dans le vide d'un trou noir sans fond.
    La souffrance du changement ne vient pas du changement en lui même mais de la résistance au changement. L' impermanence est une notion importante dans le bouddhisme. En effet, nous-mêmes ne sommes jamais semblable d'un instant à un autre : de l'enfance à la vieillesse et jusqu'à la mort, nos cellules naissent, vivent et meurent, certaines sont remplacées d'autres non. Il en est de même pour les objets matériels, d'une seconde à l'autre un bâtiment s'enfonce de quelques microns dans le sol, des molécules de son béton et de sa peinture s'en vont au grés du vent et des atomes du fer de sa structure se modifient. Tout ce qui vit doit mourir, se transforme à chaque moment infinitésimal et doit finalement disparaître. Tout bouge, tout change, tout est donc impermanent.

     

     
  • la souffrance inhérente à toute existence , elle est due à nos 5 agrégats, c'est le fondement à partir duquel se développent les autres formes de souffrance déjà vues. C'est le fait même de posséder un corps et un esprit sujets à la douleur, prisonniers qu'ils sont d'un état de manque et de limitation. (le mal aux dents caractérise la « souffrance des souffrances », le soulagement temporaire après la prise d'un anti- douleur caractérise la « souffrance du changement » (surtout si on a pris le dernier comprimé…), mais avoir une dent sujette à s'abîmer caractérise « la souffrance inhérente à toute existence.

♪♫ « Misery is the river of the World » (Tom Waitts) ♪♫